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Caroline Fouvet (promo 2015), Climate Finance Analyst chez Willis Towers Waterson

Portraits

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19/04/2021

Peux-tu préciser en quelle année tu as été diplômée, l’intitulé du diplôme/spécialisation et si tu as suivi une formation complémentaire après l’IEP le cas échéant (si possible expliquer brièvement dans quel but)? 

Je fais partie de la promotion 2015 (remise des diplômes mars 2016). J’ai suivi le master Globalisation et Gouvernance, et en 4A: Affaires internationales/Enjeux de la globalisation. 

En 1A et 2A, j’ai suivi le diplôme d’établissement centre sur les Etats-Unis, le DELUSA. Je souhaitais initialement faire un double master en droit international afin de spécialiser un peu plus mon profil international, en parallèle de ma 4A et 5A.

 Cependant j’ai eu peur de ne pas pouvoir gérer la charge de travail. C’est pourquoi j’ai uniquement suivi des cours de langues du soir à l’ENS (espagnol pour le renforcer au niveau C1 et débuter l’allemand que j’ai suivi jusqu’au niveau B1 entre la 4A-5A). J’ai choisi les langues pour donner du poids à mon CV et je me suis dit que quel que soit le parcours international que je choisirais, parler 4 langues (FR EN ES DE) serait utile. 

Tu es actuellement «Climate Finance Analyst» chez Acclimatise depuis bientôt 4 ans, peux-tu présenter la structure, ton poste concrètement, tes responsabilités et partager quelques mots sur ton quotidien (éventuellement les compétences que ça t’amène à utiliser et le lien avec l’IEP)? 

Acclimatise est une entreprise de conseil spécialisée dans l’adaptation au changement climatique, c’est a dire les mesures qui permettent aux systèmes (socio-économiques, industriels, financiers et environnementaux) de s’adapter aux impacts provoqués par un climat changeant. L’aspect "atténuation du changement climatique" est plus connu car plus direct (énergies renouvelables par exemple) mais ne concerne pas ma structure. 

Acclimatise vient d’être acquis par Willis Towers Watson (WTW), une société multinationale de gestion des risques, de courtage et de conseil en assurance. Nous rejoignons le Climate Resilience Hub qui travaille sur des thématiques similaires aux nôtres, à savoir l’intégration et la gestion des risques climatiques dans la prise de décision. 

Je fais partie de l‘équipe finance climat qui travaille pour faciliter l’accès de nos clients aux fonds dédiés a la lutte contre le changement climatique, afin de mettre en œuvre des projets permettant l’adaptation au changement climatique. 

Nous travaillons par exemple avec des ministères de pays en développement qui souhaitent savoir comment accéder au Fonds Vert pour le Climat (FVC) (fonds onusien et le plus important consacre au changement climatique) en leur proposant des formations sur les attentes du FVC en matière du contenu qu’ils attendant d’un projet qui leur est soumis. J’ai par exemple été formatrice en Eswatini (ex-Swaziland) dans le cadre d’un projet visant a appuyer des développeurs de projet du pays issus de différents secteurs (eau, énergie, agriculture) dans la préparation de notes conceptuelles a soumettre au FVC. 

Notre équipe travaille également sur le sujet de l’implication du secteur privé dans le financement de l’adaptation au changement climatique, en démontrant qu’il existe des opportunités financières qui émanent de la mise en œuvre de mesures qui permettent la résilience au changement climatique. Cela peut être fait a travers une étude de marché qui démontre le business case, ou de la sensibilisation. 

Je travaille aussi dans le domaine des „financial disclosures“, qui concerne les entreprises et institutions financières (banques et investisseurs), afin que ces dernières identifient les risques climatiques auxquels elles sont exposées (par exemple si elles dépendent d’un secteur/d’une géographie particulièrement affecté.e par le changement climatique) et l’intègrent dans leurs rapports annuels. Nous avons conçu une méthodologie, dans le cadre de projets avec l'Initiative financière du Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP FI), qui permet aux banques d’identifier les risques auxquelles elles sont exposées actuellement et a l’avenir, afin de modifier leur stratégie d’investissement aujourd’hui et d’éviter ainsi toute conséquence négative sur leur bilan annuel. 

En termes de lien avec mon cursus IEPien, je dirais que l‘esprit de synthèse et l‘adaptabilité a des sujets très différents et complexes que j’ai développes grâce à Sciences Po m’est utile tous les jours. Je travaille en effet sur des sujets variés et difficiles desquels je dois cerner les enjeux clés rapidement. L’ensemble des projets exige également la rédaction de rapports complets et synthétiques, capacité que l’IEP m’a considérablement appris a renforcer. De plus, l’analyse de politiques publiques et de stratégies gouvernementales fait intégralement partie de mon travail. Enfin, ma formation multilingue est également un atout, car en plus de travailler en anglais, certains projets requièrent l’espagnol et le français. Le DELUSA m’est utile également car le diplôme et mon année à l’université de Pennsylvanie m’ont aidée a savoir rédiger et m’exprimer dans un anglais professionnel.

Les sujets environnement/climat de par leur aspect technique/biologique peuvent paraitre être des domaines d’ingénieur (ou d’école de commerce si on parle de financement), comment faire sa place en tant que diplômé(e) d’un IEP ? 

Il est vrai que l’environnement/le changement climatique n’occupent pas une place centrale a l’IEP. Cependant, la lutte contre le changement climatique est un thème éminemment politique, comme l’a reflété l’Accord de Paris. Ainsi que souligné dans la question précédente, ma formation IEP m’aide sur bien des points et me permet de compenser pour la formation scientifique que je n’ai pas eue. Enfin, le travail de mon entreprise est particulièrement centre sur des aspects économiques et sociaux (implications du changement climatique en matière de développement pour un pays par exemple), qui rejoignent mon cursus Sciences Po. 

Paris, Madrid, Francfort (pour des stages ?) et Londres en l’espace de 2 ans (2015-2016). 

J’ai effectué mon stage de master 2 a Paris, a l’OCDE. Cette expérience m’a ouvert les portes du développement international et a eu lieu en 2015, année de signature de l’Accord de Paris, qui occupait une place centrale dans la plupart des conférences et thèmes abordés à l’OCDE. Je souhaitais trouver un emploi en lien avec ce secteur (développement et/ou environnement) et, face aux difficultés que je rencontrais du fait de mon manque d’expérience, j’ai opté pour faire des stages dans le secteur de mon choix tout en ajoutant une dimension de mobilité internationale en optant pour Madrid et Francfort. Les deux villes m’ont permis de travailler dans le développement durable (département développement durable de l’ambassade de France) et dans le changement climatique en particulier (agence allemande pour le développement international (GIZ)).  En ce qui concerne Madrid, j’ai réussi à joindre l’utile à l’agréable car j’avais toujours souhaité vivre en Espagne et expérimenter le travail en ambassade, depuis ma 1A de Sciences Po ou je souhaitais devenir diplomate. 

Tu travailles actuellement à Oxford, est-ce que tu as spécifiquement cherché à donner à ton profil une dimension internationale (et plurilingue) ou est-ce que c’est la recherche d’opportunité dans ton domaine de prédilection (environnement/climat) qui a entraîné cette mobilité ? 

Oui ainsi que souligné au cours des questions précédentes, j’ai cherché à donner un aspect international et plurilingue à mon profile afin de me démarquer des autres candidats. Cependant, j’ai toujours sélectionné mes stages afin que ceux-ci me permettent d’avoir de l’expérience dans un domaine qui m’intéressait et qui au fil du temps, s’est affine en passant du développement international au changement climatique. Ces deux thèmes sont cependant liés, car le changement du climat menace directement le développement de nombreux pays. 

Est-ce que ça a été facile de trouver des postes (stage et premier emploi) à l’étranger, comment t’y es-tu prise ? Des conseils à donner ? 

Pour être honnête, non, je n’ai pas obtenu mon premier poste en CDI facilement, et l’ensemble de mes stages et expériences a l’étranger a été nécessaire afin d’y arriver.  Il faut aussi noter que faire des stages à l’étranger permet d’acquérir une expérience professionnelle que la législation française ne permet pas puisqu’ il n’est plus possible d’être stagiaire lorsque que l’on n’a plus le statut d’étudiant. 

Je comprends totalement la question des difficultés financières et conseille de faire ces stages à l’étranger au niveau du M2 afin de pouvoir bénéficier des bourses explora sup par exemple en Rhône Alpes. Mon stage en Allemagne était hors du statut d’étudiante mais me permettait d‘obtenir le SMIC allemand, qui est autour de 1,000€. Je conseille donc d’étudier la législation autour des stages dans les pays étrangers car elle peut être plus favorable qu’en France comme le montre l’exemple outre Rhin. 

J’ai trouvé mon stage en Espagne par le réseau IEP et celui d’Allemagne sur un moteur de recherche allemand. Enfin, pour celui en Angleterre, je l’ai trouvé via une liste de distribution d’offres d’emploi spécialisée dans le climat. Il me semble que l’identification de structures d’intérêt et/ou de secteur où l’on souhaite travailler est un premier pas décisif. Il faut ensuite faire des recherches complémentaires sur, par exemple, les plateformes d’offres d’emploi les plus appropriées pour ce que l’on recherche. J’ai aussi créé un fichier Excel de structures qui m’intéressaient et suis allée sur leurs sites afin de voir les annonces. Ces entreprises peuvent aussi être suivies sur LinkedIn afin de voir les annonces au plus tôt. Enfin, toute personne rencontrée au long de sa scolarité à l’IEP, puis au cours stages, et dont le travail suscite votre intérêt peut être ajoutée sur LinkedIn afin d’être sûr(e) de pouvoir rester en contact et de poser des questions ciblées lors de la recherche d’emploi ou de postuler directement auprès d’elle. 

Peux-tu partager une difficulté que tu as rencontrée dans ton parcours et proposer un conseil ou une erreur à éviter aux étudiants/diplômés de l’IEP ? 

Faire deux ans de stage a été un challenge dans la mesure où je devais accepter de vivre dans le court terme, avec peu d’argent et sans assurance quant à l’avenir. Je ne regrette rien car l’ensemble des expériences a été incroyable. Cependant je pense que mon profil sans ces stages aurait été trop généraliste pour avoir un travail directement après avoir reçu mon diplôme de Sciences Po et que le passage par les stages était nécessaire afin d’obtenir un travail dans un domaine plus spécialisé et qui me plaisait beaucoup. 

Je pense que si l’on peut commencer à se spécialiser dès sa troisième année à Sciences Po, c’est un plus, que ce soit par les cours choisis et par les stages et expériences professionnelles estivales. Je conseille également de faire un master en parallèle du M2 ou de prendre des cours complémentaires en dehors de l’IEP (via le CHELS par exemple)  

Les différentes expériences de la vie professionnelle cassent parfois des idées reçues qu’on pouvait avoir avant de commencer la vie active, est-ce que ça te parle et pourrais-tu développer avec un exemple ?

Je pense qu’en dehors de l’aspect technique du travail, savoir gérer les relations humaines est un atout capital. Dans un monde ou la recherche de la performance guide notre quotidien professionnel, il ne faut pas oublier que l’on travaille avec d’autres personnes, qui réagissent différemment de nous et qui peuvent nous apporter une perspective complémentaire très enrichissante. 

De plus, il est important d’avoir confiance en soi, ce qui prend du temps chaque fois que l’on débute un emploi. Mais lorsque l’on se sent prêt(e), il ne faut pas hésiter à prendre des responsabilités et entreprendre des missions de plus en plus exigeantes, ce qui fait progresser très rapidement. 

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