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Joël Pain (promo 1990), Associé Gérant chez Up&Up

Portraits

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26/05/2021

Une courte intro ?

 

Diplômé de l’IEP en 1990 en Economie-finances. J’ai complété mon cursus par une maitrise en économie d’entreprise à l’Université puis deux ans de programme grande école l’emlyon en 1993.

Ensuite j’ai commencé à travailler chez Deloitte (cabinet d’audit / conseil) en tant que consultant-auditeur jusqu’à devenir manager. 

 

Que t’a apporté cette première expérience professionnelle dans l’audit ? 

 

Elle m’a permis de compléter ma formation, sorte de 3° cycle en finance, et de découvrir de multiples secteurs d’activité, de la banque à l’industrie, en passant par le secteur public ou encore l’international. 

Dans ce contexte, l’IEP m’a indubitablement préparé à cette ouverture qui permet la pluridisciplinarité.

 

Peux-tu parler de ta mission la plus intéressante (et la moins intéressante) chez Deloitte ?  

 

La mission qui m’a le plus intéressée : une mission d’un an menée au Liban, consistant à préparer la privatisation de l’opérateur télécom national. Un contexte culturel riche dans pays magnifique, beaucoup d’expérience terrain, une équipe nombreuse et sympa…

 

La mission qui m’a le moins plu : une mission de commissariat aux comptes induisant l’émission d’un rapport d’augmentation de capital avec suppression du droit préférentiel de souscription… un cauchemar.

 

Après un an à la Caisse des Dépôts, tu as créé ta propre société d’investissement Up&Up, cinq ans plus tard tu as créé une autre structure, Evaneo. 

Pourquoi cette envie de créer ta propre entreprise et qu’est-ce qu’il faut avoir en tête quand on se lance dans ce type d’aventure ?

 

A la base, le sentiment de tourner en rond, plus un zeste d’ennui. L’entreprenariat m’est apparu comme étant le remède anti-routine, ce qui était vrai. 

 

Je sous-estimais les difficultés et la solitude de l’entrepreneur : la recherche de client, le temps qui passe trop vite, le manque de compétences…. Entreprendre, c’est difficile mais c’est une expérience enrichissante néanmoins.

Le fait d’avoir travaillé en tant que salarié est indispensable pour acquérir un minimum de structure : ce n’est pas inné.

 

Tu as été Président de Financités et Directeur de Planet Finance (en parallèle) pendant 5 ans. Ces responsabilités t’ont amené à côtoyer les entrepreneurs à haut potentiel en banlieues ainsi que le monde associatif. Quels sont les défis propres à ces acteurs ? 

 

Je dirigeais le fonds d’investissement Financités et notamment l’aspect sélection des entreprises, négociation… pour Planet mon rôle consistait beaucoup (trop) à restructurer l’entité afin de lui trouver un modèle économique.

 

Pour les banlieues, l’enjeu majeur c’est la lutte contre les préjugés, le manque de formation de base, l’absence de réseaux relationnels… il faut être très fort pour s’en sortir dans ce contexte.

Les entrepreneurs débutants oublient fréquemment que même si leur idée est géniale, elle ne deviendra une entreprise que si des clients sont prêts à payer. La recherche de client et d’équilibre financier sont l’étoile du Nord de l’entrepreneur.

 

Pour l’associatif, il y a autant d’enthousiasme que d’amateurisme, mais l’un ne compense pas toujours l’autre, ce qui peut poser problème. 

Les acteurs associatifs doivent comprendre que la seule chose qui les distingue des entreprises c’est le fait qu’elle ne cherchent pas le profit et n’ont pas d’actionnaires…mais pour le reste c’est pareil : il faut équilibrer les comptes, développer, recruter, proposer une « offre » qui rencontre son marché…

 

 

Tu as travaillé dans différents univers professionnels et tu as été à des postes de direction. Pour toi quelle est la valeur du réseau et comment le construit-on ?

 

Le réseau est évidemment important. Mais il n’a de valeur que tant que l’on a de la valeur pour lui. 

 

En clair, tant que je présente un intérêt pour mon réseau, mon réseau m’aidera. 

Les amis vous aideront si vous êtes en difficulté, ce que ne feront pas les gens de votre réseau. 

 

Un des remèdes, c’est de bâtir un réseau construit à la fois sur des intérêts pro mais aussi sur des affinités personnelles.  Construire cela prend du temps et, surtout, ne se prémédite pas. 

 

Ceux qui vont dans les cocktails se trompent de voie. Un vrai réseau c’est un réseau construit dans durée, avec des gens avec lesquels on passe du temps, avec qui on partage des engagements, des combats… ne jamais oublier que les liens se forgent dans le plaisir ou dans l’adversité…

 

Les différentes expériences de la vie professionnelle cassent parfois des idées reçues, est-ce que ça te parle et pourrais-tu développer avec un exemple ?

 

Quand j’ai débuté, je pensais qu’on pouvait avoir des amis en entreprise, mais c’est très rare car plus on monte, plus les trahisons sont fréquentes. 

 

Je pensais qu’on pouvait s’épanouir personnellement en entreprise. Ça peut arriver, mais c’est éphémère et incertain car tout bouge autour. 

 

Il ne faut pas être idéaliste. Le travail, c’est avant tout pour se procurer un revenu. Les gens qui se définissent par leur travail déchantent en général. Pour preuve, lorsqu’ils arrivent à la retraite, ils ne sont plus personne, ils n’ont plus de « valeur » pour l’entreprise. Il faut donc construire sa vie grâce au travail, mais pas « sur » le travail. 

 

En revanche, on peut apporter du sens à son travail, en intégrant des valeurs et des objectifs d’intérêt général dans son activité quotidienne, ce qui la rend plus riche, plus humaine. Ce sont ces initiatives qui adoucissent les rapports humains et apportent un peu d’humanité dans un environnement qui peut être d’une extrême violence…


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