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Annabelle Sulmont (promo 2006), Coordinateur de Projet au programme de Développement des Nations Unies (UNDP)

Portraits

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23/08/2021

En guise d’introduction : peux-tu préciser l’année pendant laquelle tu as été diplômée (de l’IEP), l’intitulé du diplôme/spécialisation et si tu as suivi une formation complémentaire après l’IEP (si possible expliquer brièvement dans quel but)?

2002-2006         Diplôme (équivalent master) de l’IEP de Lyon

                                Institut d'Etudes Politiques de Lyon 

2006-2008        Master professionnel en Anthropologie du Développement

                                Université de Provence Aix Marseille 1

                               Motivations à faire un Master de ce type : j’avais décidé de travailler dans la coopération internationale pour le développement. Il me paraissait important de compléter ma connaissance des sciences sociales très macro par une approche qui oblige à l’analyse de terrain, des enjeux des acteurs qui opèrent autour d’un dispositif de développement. L’anthropologie du développement étudie précisément ce sujet, en passant au cribles tous les acteurs (des bailleurs jusqu´aux récepteurs). J’ai volontairement choisi un master professionnel pour assurer le lien entre l’analyse et les réalités professionnelles du secteur.

2009-2010         Diplôme de Statistiques Appliquées

Université Nationale Autonome De Mexico (UNAM, Mexique), Faculté d’Economie

Professionnellement, je m’orientais dans les activités de recherche appliquée, dans les pôles recherche et développement des organisations. Sans une bonne connaissance des outils statistiques, on est rapidement limité dans cette branche. Par la suite, j’ai suivi des formations STATA et SPSS pour dominer ces outils. 

2010-2014         Doctorat de Sociologie

Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Institut d'Etudes du Développement Economique et Social 

En me spécialisant comme chercheure appliquée dans la coopération internationale pour le développement, je devais pouvoir démontrer une solide maîtrise de l’activité de recherche. L’exercice du doctorat et la réalisation d’une thèse sont une excellente épreuve du feu.

                                

Tu as un doctorat et tu travailles actuellement pour le UNDP (Programme des Nations-Unies pour le développement) au Mexique. Tu sembles avoir beaucoup navigué entre les études universitaires et le travail sur le terrain (dans l’univers de l’économie sociale et solidaire si l’expression est pertinente dans ton cas ?). Que t’ont apporté ces deux types d’expérience ? Est-ce que c’est facile de passer de l’un à l’autre ?

Comme je l’ai expliqué précédemment, mon travail dans le secteur de la coopération internationale pour le développement (très différent de l’économie sociale et solidaire, secteur pour lequel je n’ai travaillé directement que lors de mes premières années professionnelles) s’est dès le départ concentré dans la recherche appliquée. Je ne dirai pas que j’ai navigué entre les études et le travail de terrain mais plutôt que j’ai cherché à acquérir les outils nécessaires pour mener à bien mon travail de recherche appliquée et que bien sûr, la formation académique a été la voie pour cela. J’ai évidemment beaucoup appris également sur le terrain, en mettant à l’épreuve de la réalité des concepts et outils captés durant mes études. Pour moi, la complémentarité est nécessaire si l’on veut être un chercheur appliqué pertinent. La difficulté peut-être à passer de l’un à l’autre, c’est que ce sont 2 mondes relativement cloisonnés qui ne communiquent pas suffisamment et qui parlent un langage différent, qui ont des modes opératoires et des enjeux parfois opposés.

Tu as terminé ton doctorat sur la micro-assurance (?) en 2014 à l’Université Panthéon-Sorbonne. Pourquoi as-tu réalisé un doctorat ? (pour être universitaire ou pour travailler sur le terrain pour des organisations internationales ou une autre raison)? Est-ce que le fait d’avoir un doctorat est un atout pour intégrer les grandes organisations internationales (acquisition de méthodologie, outil d’analyse etc.)?

En commençant mon doctorat, mon but était très clair : je devais me roder à un exercice strict et encadré de recherche, en dominer l’art si je puis dire, pour réinjecter la rigueur méthodologique associée à cette pratique dans le cadre professionnel de la coopération internationale pour le développement, dans lequel je voulais continuer d’évoluer et de croitre. L’idée d’être chercheure à l’université ne m’a jamais intéressée. 

Et oui, sur un CV, pour les types de fonction que j’ai occupés ces dernières années, avoir un doctorat a fait la différence.   Dès que j’ai eu mon diplôme, on m’a confié des coordinations/directions de projets/départements en charge d’activités qui nécessitent d’un solide bagage scientifique (évaluation, analyse statistique, production de données, diagnostics/analyses). 

Comment as-tu vécu l’expérience du doctorat ? Pourquoi as-tu choisi une université française plutôt que mexicaine ? Tu as travaillé en tant qu’indépendante spécialiste du développement socio-économique en parallèle (au Mexique également ?), quel était le lien avec ton doctorat (terrain d’études peut-être? financement ?).

C’était une expérience intense et très enrichissante. Quand j’ai commencé mon doctorat, mon projet était de le faire de manière parallèle au travail, sur un sujet au cœur de mon activité professionnelle – ainsi celle-ci allait être mon terrain de recherche. J’ai vite écarté la possibilité d’un doctorat aux Etats-Unis à laquelle j’avais pensé d’abord. Celle-ci me demandait de me retirer de mon activité. Au Mexique, je me suis confrontée au même problème. Aucun programme ne me permettait de continuer à travailler. Pour moi, c’est une erreur d’approche dans la mesure où je n’ai eu accès aux éléments que j’aborde dans ma thèse que parce que j’étais une professionnelle du secteur étudié. Je l’ai constaté de mes propres yeux dans ce secteur : les étudiants qui viennent en « observation » obtiennent beaucoup moins d’information parce qu’ils n’ont pas accès à certaines couches de la pratique et ils l’obtiennent beaucoup moins rapidement. J’ai donc fait un doctorat en France où les modalités de recherche et échanges à distance avec ses tuteurs sont possible. J’ai d’ailleurs été très bien encadrée. A Mexico, il y a un centre de recherche français en sciences sociales (le CEMCA). Je m’en suis rapprochée tout au long de la thèse. Cela m’a été utile pour m’insérer dans des dialogues de recherche sur mes sujets, avec des chercheurs français, mexicains mais aussi du monde entier.

Travailler comme indépendante pendant le doctorat était nécessaire pour moi. Je crois que je n’aurais pas eu la même liberté de parole dans ma thèse si j’avais dû porter une casquette institutionnelle en même temps. J’ai aussi pu butiner de mission en mission plus ou moins longues et me faire la main sur une gamme variée de compétences qui sont généralement cloisonnées (analyse statistique, développement de protocoles d’analyse mêlant quantitatif et qualitatif mais aussi administratives, logistiques, managériales).

(Optionnel : Quelles difficultés as-tu rencontrées pendant ton doctorat ? des conseils aux alumnis souhaitant s’engager dans ce nouveau cycle d’études ?)

La plus grande je crois est qu’il faut tordre le coup aux procédures pour mener le doctorat que j’ai mené parce que rien n’est fait pour valoriser les dispositifs de recherche appliquée dans le cadre d’une thèse. Par exemple, mon profil ne me permettait pas d’être candidate aux bourses.

As-tu des conseils à donner à des étudiants/alumnis qui souhaitent travailler dans l’univers du développement international et/ou les grandes organisations internationales ?

C’est compliqué de parler en général, cela tient du parcours de chacun et du type de travail dans le secteur. Il y a une gamme très ample de métier dans le développement international : cela va du diplomate au comptable, en passant par l’ingénieur, l’expert statistique, l’expert sectoriel… et bien d’autres. Ma recommandation est peut-être justement de ne pas voir ce secteur comme un bloc. Sciences-Po est une bonne formation généraliste pour l’aborder. Ensuite, il faut se poser la question du type de métier que l’on veut y faire et acquérir les compétences propres à ce métier afin de se rendre indispensable. Un détail mais bien écrire et parler anglais ouvre indubitablement plus facilement les portes.

Peux-tu partager une difficulté que tu as rencontrée dans ton parcours et proposer un conseil (pour la surmonter) OU parler d’une erreur à éviter aux étudiants/diplômés de l’IEP ?

J’espère avoir pu donner des éléments dans mes réponses précédentes 😊

Les différentes expériences de la vie professionnelle cassent parfois des idées reçues qu’on pouvait avoir avant de commencer la vie active, est-ce que ça te parle et pourrais-tu développer avec un exemple.

idem


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