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Laurent François : Creative Strategist & Founder - RE-UP Agency

Portraits

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28/01/2021

CV EXPRESS

  • PROMO : 2006
  • MASTER 2 : ESCP European management
  • MASTER1 : Affaires Internationales, Sciences politiques, Economie suivi en parallèle à un DU en Affaires Européennes à l'Université Lyon II
  • 3A : Photography program à UCLA (Californie, Etats-Unis)


En guise d’introduction : peux-tu préciser en quelle année tu as été diplômé, l’intitulé du diplôme/spécialisation et si tu as suivi une formation complémentaire après l’IEP le cas échéant (si possible expliquer brièvement dans quel but)?

J'ai été diplômé en 2006 de l'IEP, section internationale, avec un Diplôme Universitaire d'Etudes Européennes; j'avais aussi eu la chance de bénéficier d'une bourse d'études à UCLA (foreign relations + photography). Après Sciences Po, j'ai poursuivi à l'ESCP (Master's in European Business) sur Paris et Londres afin de mieux appréhender les rouages du monde des affaires.


Comment as-tu découvert et qu’est-ce qui t’a attiré vers l’univers de la stratégie digitale ? Comment as-tu trouvé ton premier emploi? Quelle peut être la plus-value de la formation de l’IEP dans ce domaine ?

A l'IEP, nous utilisions pour les divers sujets d'activisme politique les plateformes digitales. En 2005, nous avions avec le BDE organisé un Forum Mondialisation, qui réunissait des membres de la société civile, des associations comme ATTAC, mais aussi des organisations internationales (ONU etc.). Une démarche orchestrée via internet, via les premiers forums de discussion; on n'appelait pas ça alors les médias sociaux mais les équilibres étaient déjà bien en place. Plus tard à Athènes, pour l'Institut Français, j'ai pu développer un Pôle Jeunesse qui mettait à disposition toute une série de rencontres internationales à travers une plateforme numérique : le travail de maillage local trouvait une résonnance en ligne, en mettant en relation les talents grecs avec les aspirations de jeunes francophiles. Le vocabulaire était encore flou et les techniques très artisanales; néanmoins le matériau de travail, l'humain au cœur des réseaux, m'attirait fortement. Notamment cette "vivance" qui s'incarnait pourtant à travers des écrans.

Après l'ESCP, j'ai pu débuter un premier job chez Ogilvy, d'abord en publicité ; et puis par un jeu de rencontres j'ai eu la chance de construire le premier département Social Media du groupe en Europe (on appelait ça alors 360° Digital Influence), sous la direction d'Eric Maillard et de John Bell. Une expérience qui a changé ma vie.

La plus-value de la formation à l'IEP s'est vraiment faite sentir à ce moment-là : toute stratégie digitale passe par une curiosité obsessionnelle pour les cultures qui se consolident ou naissent à travers les réseaux sociaux ; les bases en sociologie, en anthropologie, en théorie de la communication et la faculté de synthétiser un nombre massif de données et de signaux sont cruciales. Mettre en relation 2 sources qui n'ont pas forcément de liens directs mais trouver rapidement le terrain commun est aussi très sciences po dans l'analyse. Enfin - et c'est peut-être le plus important - les stratégies digitales sont assez similaires à la construction de petits systèmes politiques : on doit essayer de créer de l'adhésion autour d'une marque ou d'une idée, on doit composer avec des parties prenantes internes et externes, on doit travailler sur l'autorité et sur la réciprocité, convenir si l'on souhaite être plus proche d'une dictature ou au contraire d'un mouvement ouvert. Sciences Po est un excellent bagage, sans parler du réseau de talents qui plus de dix ans plus tard excellent dans une myriade de métiers créatifs ou d'influences, de Paris à Saigon. 


Tu as co-fondé ta propre agence 2014 après plusieurs expériences en France et au Royaume-Uni, peux-tu présenter brièvement ta structure, expliquer ce qui t’a poussé à te lancer et dire quelques mots sur ton quotidien ?

RE-UP est née de façon itérative, sans véritablement de plan initial : simplement la rencontre avec mon associé, qui a un historique phénoménal en stratégies publicitaires (branding, créations) et avec qui nos "fonds" se complètent. Des tables partagés dans un bureau ; un premier email à un prospect qui nous faisait alors rêver ; une réponse improbable dans les 5 minutes d'envoi de cet email; la mise en place d'un projet autour de ce premier client.

RE-UP est aujourd'hui une agence indépendante, de fait très structurée après 6 ans, spécialisée dans les stratégies créatives tant du point de vue des contenus que des constructions communautaires. Nous sommes 15 répartis entre Amsterdam, Paris et Tokyo et nous menons 3 grandes activités : une première compétence en planning stratégique et recherche, en utilisant à la fois des technologies digtiales (remontée des conversations en ligne, analyse influenceurs) qu'on met en miroir avec des techniques historiques (études quanti/quali, interviews, coolhunting...), une compétence autour de la conception et production de contenus sous toutes ses formes (avec une forte emphase Social Media et des studios sur 2 continents), pour finir par une compétence en distribution de ces contenus (publicités, retargeting, expérience e-commerce etc.).

Une journée ordinaire hors pandémie commence tôt, vers 6h, par un temps familial puis un peu de veille; j'arrive au travail assez tôt et je balaie tous les sujets immédiats afin de ne garder qu'une dizaine d'emails dans ma boite; une coordination sur les projets à lancer ou à valider avec les équipes; j'ai ensuite généralement 2h pour "produire" les différentes recommandations, kits, stratégies en cours. L'heure du déjeuner est un temps de rencontres ou d'exploration (expositions, visites de boutiques, conférences en ligne). L'après-midi est souvent le temps des workshops; la fin de journée à un petit point sur les projets cruciaux, même si nous sommes en permanence sur Teams, Slack ou en visio. J'essaie de finir relativement tôt afin de voir la famille pour généralement sombrer dans la pop culture jusqu'à tard. 

Le job comporte aussi de nombreux déplacements du fait des 3 sites, mais aussi des clients internationaux. Des déplacements importants car souvent dans des formats d'atelier, à la croisée de l'artistique pur et du business. Il faut aussi constamment se mettre à jour sur les outils ou les phénomènes culturels émergents : nos clients nous paient "pour savoir".


Peux-tu partager une difficulté que tu as rencontrée dans ton parcours professionnel et proposer un conseil ou une erreur à éviter aux étudiants/diplômés de l’IEP ?

Ne venant pas d'un milieu où l'on networkait au dîner, je pense qu'il faut se forcer très tôt à rencontrer le plus de monde possible autour de projets hors études (engagement politique, créatif etc.); il faut se forcer à transformer une curiosité en projet concret : ça ne suffit plus d'avoir une tête bien faite, il faut être en mesure de réaliser de A à Z des projets, donc être dans une démarche active plutôt que consumériste. Le monde du travail est d'une violence inouïe : le plus tôt on vit des petits échecs, le plus tôt on peut comprendre la coresponsabilité d'un projet et faire sens de celui-ci. Il y a une dimension assez « craft » dans ces métiers ; les feedbacks font partie du jeu, et arriver à dissocier une critique personnelle d’une possible amélioration du projet prend du temps. Et c’est ce qui fait que comme toute pratique, c’est à force de répétition des routines qu’on se met à maîtriser un peu plus cet art.



En savoir plus ? Le profil LinkedIn de Laurent sous ce lien !


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